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Un grand merci pour ce partenariat initié par le forum Babelio et aux Editions Bozon2X pour cette découverte.

Quatrième de couverture :

« Ces derniers jours, maman passe de longues heures au téléphone avec Sanchez. Je ne la reconnais plus. Elle est sombre. M’évite. M’appelle sèchement par mon prénom, plus « mon bébé ». Je la dérange… Je l’irrite… Je l’incommode… J’ai presque fini d’avaler la boîte de punaises, et le cirage aussi... Demain, si je ne suis pas morte, je mangerai les pics à bigorneaux — ceux qu’on a ramenés d’Espagne, avec les petites billes de couleur au bout de leur tige… et puis, si ça ne suffit pas, je fouillerai dans l’armoire à pharmacie de la salle de bain, et dans le placard interdit de la cuisine, sous l’évier. Je ne crois pas au hasard. Je ne cherche pas à savoir pourquoi mais, depuis notre retour, maman ne les ferme plus à clé.»

Cinq nouvelles poignantes, humaines terriblement humaines... Dans ce livre, Serge Cazenave-Sarkis arpente les coulisses de la bienséance, les envers du décor où se logent les silences qui grouillent — silences dont les enfants héritent et qu’ils tenteront de dénouer toute leur existence. De ce goût des apparences, de l’image sociale de soi que chacun entretient avec l’acharnement des imposteurs, Serge Cazenave-Sarkis décèle — descelle le trouble que ces comportements opèrent sur l’enfance.

« Embrassades et simagrées » : ce double discours qui vous pince dans l’ombre d’un baiser, la jalousie, l’envie, les frustrations, l’orgueil minable qui s’aveugle devant ses failles et les fait porter à d’autres… Aux grands déballages, Serge Cazenave-Sarkis préfère la retenue, la précision d’un détail dont nous savons désormais que dieu, le diable et leurs travers s’y cachent. L’univers dans lequel nous plonge « Embrassades et simagrées » évoque autant celui, décalé, de Chuck Palahniuk, que les vagabondages d’un Knut Hamsun ou les tensions intérieures d’un Jacques Chessex.

Avis et commentaires

Un petit recueil de 5 nouvelles, toutes très ciselées, efficaces mais terriblement sarcastiques, voire cruelles. Auteur qui l'était totalement inconnu, la présentation de son recueil pour l'opération Masse Critique de Babelio m'avait attiré et j'ai été ravi de le découvrir.

C'est une vision peu optimiste mais terriblement réaliste des travers de l'âme humaine et de ses contradictions à laquelle Serge Cazenave -Sarkis entraîne ses lecteurs.

Pour sa première nouvelle ; "Embrassades et simagrées" c'est tout d'abord à une joyeuse petite famille d'escrocs très inventive mais très désargentée que nous sommes présentés. Le fils de la famille, le narrateur,  se prête, plutôt de bonne grâce aux différentes grivèleries orchestrées par un père très créatif et une mère complice mais dans un relatif sentiment d'amours partagés... jusqu'au jour où la tendresse de l'enfant qui s'éloignait un peu de la réalité tombe, dévoilant la nature détestable de l'exploitation et du mépris des valeurs libertaires que ses parents lui avaient enseignées. Une entrée en matière drolatique et fine qui va se ternir sérieusement avec les nouvelles suivantes....

Avec "Une maladie de trop" c'est l'amitié sincère que le narrateur portait à François qui va être réduite à néant par la découverte de sa vraie nature de pervers narcissique. Au début un homme touchant, anxieux, hypocondriaque pour lequel le narrateur va tout laisser passer... côté "embrassades" donc avant de découvrir celui plus sombre "simagrées"...

Pour "Acte manqué", c'est encore plus cynique et glaçant dans cette maltraitance avérée dont  l'enfant qui est le narrateur est une victime involontaire en premier lieu avant de devenir complice.. Maltraitance maternelle vis à vis de cet enfant - narrateur de 6 ans dont le père n'est plus et dont la nouvelle volonté de conquête d'un nouveau compagnon va nourrir chez elle les plus noirs desseins.

Avec "Les Pieds dans l'heure " l e lecteur va toucher le fond du malaise avec cette histoire où l'amitié du narrateur vis à vis de son complice Fred devient trop inclusive et possessive lorsqu'il se voit préférer à un troisième larron. Mensonges, faiblesses, lâchetés du narrateur comme de la petite communauté où il évolue et qu'il retourne contre Fred, pourtant innocent, jusqu'à des extrêmes. Involontairement c'est néanmoins un certain châtiment qui va frapper ce pauvre homme dont le passé est gravement entaché.... 

Enfin, un drame profond et familial est au coeur de "Le philosophe et le bulot", là aussi un narrateur marqué par la disparition accidentelle de son père et de son frère dont on pourrait croire qu'il a pu la provoquer et dont sa mère lui impute l'entière responsabilité, lui l'enfant qu'il va découvrir être comme non -désiré à l'origine. Une conférence à contre sens des notions de bonheurs, d'optimisme et de son contraire va déclencher de bien sombres pensées.

Pour chacune de ces nouvelles, c'est le style et la connaissance des troubles et incertitudes de l'humanité qui emportent le lecteur dans une découverte en apnée et sans interruption. Un vocabulaire, un style clair sans ambages... Une belle découverte.

Tag(s) : #Bozon2X, #babelio, #massecritiquebabelio, #sergecazenavesarkis
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