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le dernier des juges par Roberto Scarpinato, anna rizzello

 

Une lecture réalisée grâce à l'opération "Un editeur se Livre", ici le premier titre de la maison d'édition La Contre-Allée, organisé par LIBFY.

 

 

Présentation du livre :

 

Roberto Scarpinato est le dernier des juges, le dernier de la génération de Falcone et Borsellino, assassinés brutalement par la mafia en 1992. Mémoire historique de la justice antimafia en Sicile, il nous livre dans cet entretien inédit, d'une voix aussi vigoureuse qu'inspirée, ses réflexions sur la justice et le pouvoir, sur la religion et la corruption, à travers le prisme d'une vie, la sienne,

 que la violence mafieuse a irrémédiablement bouleversée.

 
 

Avis et commentaires :
C'est un livre qu'il m'a fallu lire et relire tant les pistes et les réflexions échangées entre Annie RIZZELLO boulversent les images, parfois les clichés, le lecteur dont l'évocation de la mafia et aux combats menés par les juges italiens en charge du dossier se limitent à des images fortes d'hommes de loi protégés par un cortège de gardes du corps et à une voiture explosée en plein jour.
D'emblée, dans la présentation du parcours de ce juge, Roberto Scarpinato, on est surpris de voir un homme , à priori bien à l'abri et bien rémunéré au Conseil Supérieur de la Magistrature à Rome, décidait de venir à Palerme se plonger dans un monde beaucoup moins feutré, par solidarité et respect à ces nombreux magistrats assassinés alors même que son parcours professionnel a débuté à la Banque d'Italie. Et vient un premier choc ;  sa motivation première, considérer le droit "comme un instrument essentiel de défense et de protection du droit à la fragilité humaine".
Voilà une devise que l'on voudrait voir afficher et respecter dans tous les lieux où la justice doit être rendue.
Dans la poursuite de l'étude de ce livre, c'est le mécanisme même liant d'une manière insoluble, inexplugnable,  et implacable la mafia à l'histoire de l'Italie, de sa constitution, de ses liens avec chaque strate de la société italienne (l'église en prend aussi à son compte) qui est ici établi (cela semble tellement enraciné que l'on se demande comment on peut croire y mettre un terme) et ce cas de figure est inédit  en Europe. 
Les constats, à la lecture évidents, mais si peu ressentis au quotidien, une histoire italienne marquée par "la criminalité du pouvoir" (assassinat, terrorisme et corruption), l'implication au plus haut niveau d'une classe dirigeante comme une intéressante démonstration et paradoxale du polythéisme existant dans la pratique et le respect de la religion catholique en Italie. Le paradoxe entre l'église et la politique .
Tout est clairment démontré par ce juge dont la culture est à la fois exceptionnelle et délibérément vulagrisée (citation de Sartre, de Yourcenar, connaissance de la mythologie) , il n'hésite pas à proposer des solutions en se reposant sur les leçons tirées des accointances entre la criminalité organisée et les dictatures sud américaines, des failles de nos propres système judiciares (français et européens notamment).
Q
uant à son quotidien, on ne peut que le plaindre et admirer son stoïcisme, son abnégation et sa philosophie ; celui d'un homme qui ne peut rien planifier, pour qui demain est déjà bien difficile à entrevoir. Malgré une vie sociale totalement réduite à néant, il continue sa mission en poussant l'abnégation jusqu'à vouloir tenir compte des contraintes familliales de ses gardes du corps dans ses quelques sorties.
Ce livre se referme sur l'importance du savoir pour chacun afin de lutter au quotidien, pierre que  chacun peut apporter à son échelle à un grand projet "la construction d'un pouvoir au service des hommes et non sur des hommes".
Merci Monsieur SCARPINATO et longue vie...
Tag(s) : #Mes critiques de livre lus
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