Huitième lecture en partenariat avec le librairie Décitre et son forum de lecture Entrée Livre dans le cadre de l'opération Coup de Coeur d'un Jury Public que je remercie particulièrement ainsi que les Editions Léméac / Actes Sud.
Quatrième de couverture :
Alors que chaque concert lui vaut un triomphe et qu'il se trouve au sommet de sa gloire, le chef
d'orchestre Alexis Kandilis commet une indélicatesse dont les conséquences pourraient être irrémédiables. Sa réputation est ébranlée. Aux déceptions et revers qui s'ensuivent il oppose la certitude de son
destin d'exception. Mais les blessures les plus anciennes se rappellent à son souvenir. L'insidieux leitmotiv des Kindertotenlieder, Les chants des enfants morts, de Gustav Mahler lui chuchote
sans répit le secret qu'il voudrait oublier.
La chute est inexorable. Seules l'amitié ou la confiance de quelques proches semblent l'ouvrir à une autre approche de son talent, susciter en lui un homme nouveau, dont la personnalité
glisserait de la toute-puissance à la compassion, de l'arrogance à l'empathie profonde. Se dessine peut-être une métamorphose... Roman haletant, parcours exalté, bouleversé par les véhémences de
la musique, Prince d'orchestre est aussi une réflexion sur la part d'imprévisible que contient toute existence, sur la force du hasard et les abîmes de la fragilité humaine, sur les souffrances
que convoque, apaise, et souvent transcende l'inépuisable fécondité de l'art.
Avis et commentaires :
Voilà un des auteurs que j'avais hâte de retrouver après avoir adoré "La Fille des Louganis" et "Le Turquetto". Là aussi aucune déception, ce fut un nouveau régal de lecture autour d'un thème pouvant paraître ardu présenté à des non initiés, celui de la musique classique et de ses grands chefs d'orchestre.
L'âme et le souffle dédiés à la peinture dans "Le Turquetto" irradient à nouveau ce voyage dans l'âme tourmentée d'un compositieur contrarié, devenu contre son gré intialement "le chef d'orchestre" reconnu et célébré internationalement. Comment chuter de son piedéstal en un temps record, en fait entre Avril et Décembre 1997, c'est la démonstration que va nous faire avec brio Metin Arditi.
Pourtant tout souriait à Alexis Kandilis au moment du début de ce roman, chef d'orchestre de très grand talent, millionnaire que toutes les scènes du monde comme les orchestres s'arrachent, il ne manquait, à ses yeux, pour couronner sa gloire et lui assurer une postérité historiqueque l'enregistrement de l'intégralité des oeuvres de Beethoven, le B 16 pour les initiés. Tout cela c'était encore le cas s'il n'y avait une blessure d'enfance jamais guérie, tout juste oubliée, qui ressurgit lors d'un de ses concerts par l'apparition d'un témoin de son passé et de son enfance et cela va alors définitivement provoquer une descente aux enfers et une issue tragiique et sanglante.
Une vanité et un orgueil démesuré mais surtout le doute s'immiscant dans la vie d'Alexis, mal marié, sous l'emprise d'une mère ayant contrarier sa vocation de compositeur qui, pour elle et les sacrifices qu'elle lui avait consenti était synonyme de misère, il va vouloir se faire reconnaître par un cercle de joueurs et joueuse de poker et milliardaires en tant qu'individu de même classe ne recueillant que mépris et pertes de jeu colossales (diaboliques Jeffrey Parernoster et Anne de Ferretti en maitresse malmenée).
En ajoutant à cela, une énième série de reproche à un des musiciens qu'il dirige, Alexis va connaître la vengeance musicale des pairs de ce musicien lors d'une représentation, le déstabilisant totalement et ainsi ruinant toute une carrière. Les derniers amis et amies du maître ont beau encore lui tendre la main pour qu'il se reprenne, son orgueil, démesuré, le fait que sa maison de production musicale choisisse finalement un des ces concurrents pour le B 16 et une définitve emprise et addiction aux jeux d'argent du casino précipiteront définitvement cet homme à terre.
En plus de l'histoire de sa chute ce sont le monde de la musique classique, une certaine initiation musicale du lecteur de l'intérieur, le monde cruel de la concurrence entre les chefs d'orchestre, les relations parfois tendues entre les musiciens et leurs chefs, la dynamique de l'art musical qui nous sont ici, un peu découverts.
La scène finale est tout simplement majestueuse.
Pari à nouveau réussi par Metin Arditi.