Book club de Livraddict de janvier 2012.
Quatrième de Couverture :
L'apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres. Un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d'objets hétéroclites et de vieilles couvertures. Ils sont sur leurs garde car le danger peut surgir à tout moment. Ils affrontent la pluie, la neige, le froid. Et ce qui reste d'une humanité retournée à la barbarie. Cormac Mc Carthy raconte leur odyssée dans ce récit dépouillé à l'extrême.
Prix Pulitzer 2007.
Avis et commentaires :
L'onde de choc suscitée par ce livre, en réactions négatives (notamment sur les ondes de France Inter "Le Masque et la Plume) et en réactions dithyrambiques mais aussi la thématique anxiogène qu'il présentait, tout ces éléments me freinaient dans la perspective de cette lecture. J'avoue avoir eu tort d'attendre, ce ne sera surement pas mon livre de référence ni de chevet mais cela reste un libre fort par les messages qu'il délivre.
Oeuvre apocalytique, le mot est faible, dans un pays dévasté par ce que l'on peut imaginer être un automne nucléaire, dans une longue litanie et un long ruban goudronné, seul repère, un homme malade et son fils vont vers le sud, mais sans que jamais l'on sache si vraiment il y a un futur. Errant sans but, le père va tout faire pour protéger son fils et pour cela devoir lutter contre les autres survivants (tombés au niveau zéro de l'humanité) avec hargne et sans espor ni espérance. Aller le plus loin possible, protéger avec toute la violence possible au besoin et surtout survivre jusqu'au lendemain, c'est à dire les seuls besoins vitaux (boire, manger, se réchauffer) dans un monde où il ne reste plus rien (plus de nourriture, plus d'eau, plus de feu ni d'électricité et surtout sans pouvoir rester plus d'une nuit à un même endroit).
Leur quotidien c'est la recherche de maison, de magasins avec des restes de liquide et de nourriture à travers le cambriolage mais aussi d'allumettes, de gaz, d'alcool à bruler, de bougie, éviter les hordes de sauvages armées qui poursuivent les mêmes buts sans respect de loi, si ce n'est celle du plus fort (massacre en série, cannibalisme, des femmes que l'on ensemence pour manger les bébés ...) En gros plus aucun repère, tout le livre, à part une petite période d'aise dans une cache équipée, est noir désespérément noir. Non seulement il leur faut se méfier de tous les êtres rencontrés mais en plus il y a un vrai problème relationnel entre l'homme et l'enfant. L'homme sait que sa fin est proche, il est à l'image du monde qu'il représente, sans humanité, violent à l'extrême et paradoxalement totalement désespéré et développe un sentiment de culpabilité, notamment à l'égard de la mère de l'enfant. L'enfant est sans souvenir, sans repère, sans éducation et encore peu perverti par le monde qui l'entoure, à travers certaines rencontres, il va même se montrer profondément humain en suppliant son père de ne pas aller jusqu'au meurtre ou à l'extrême violence. C'est d'ailleurs là que l'image métaphorique (un leitmotiv dans le discours de l'homme pour pousser l'enfant à vivre et à lui survivre) prend toute sa place, cet enfant est "le porteur de feu", une sorte de nouveau prophète, l'apôtre de la renaissance de l'humain, de l'humanité à renaître.
La fin du livre est inattendue et permet au lecteur de tout envisager.
Style très particulier, pas de prénom, pas de cadre ni de repère géographique, des phrases courtes, souvent répétitives. Difficile parfois d'imaginer que l'humanité puisse aller ainsi vers cette fin, difficle de le lire d'une traite mais on est porté par le sentiment de vouloir connaître la fin, d'accompagner cet enfant prohétique.