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En préambule, un grand merci au Forum Partage Lecture et aux Editions "Les Nouveaux Auteurs" pour m'avoir fait découvrir ce premier roman ainsi que cette maison d'Editions.

En m'inscrivant sur cet appel aux lecteurs, j'ai voulu creuser un peu plus une culture, une région (l'Ex Indochine) et l'histoire moderne d'une destination que je mets en avant dans mon secteur d'activité ; celui de producteur de voyages mais surtout parce qu'en en découvrant la quatrième de couverture ; la thématique double de la tragédie de l'extermination d'un peuple et  l'intégration difficile de ces expatriés laotiens dans notre pays.

Titre : Journal d’une enfant survivante
Auteur: May Kham
Nombre de pages : 300
Editions : Les nouveaux auteurs
Parution : Septembre 2010

Quatrième de couverture :

L'histoire racontée dans ces pages, avec une sensibilité à fleur de peau, est celle d'une jeune Hmong du Laos. Depuis son enfance auprès d'un père général allié des Occidentaux, jusqu'à son exil en France, en passant par les terribles camps de la jungle thaïlandaise, mouroirs à ciel ouvert. Maykham, gamine singulière puis adolescente révoltée, est forcée de se battre contre la faim, la mort et l'oubli, mais aussi l'incompréhensible abandon d'une mère, l'éclatement d'une famille dans un milieu rétrograde, face à une société incompréhensible, une culture nouvelle et des amours insensées. Pourtant le courage de Maykham, qui parvient à nous faire sourire dans cette tourmente, précipitera son destin. Pour la première fois aussi intimement retracé, le destin tragique des Hmongs, "supplétifs indigènes" d'Asie, abandonnés à leurs ennemis après les guerres de décolonisation. L'espoir aussi de nombre de réfugiés qui rêvent d'une France de l'accueil.

May Khan née il ya trente neuf ans au Laos, elle arrive en France à huit ans. Aujourd’hui cadre dans le tourisme et mère de famille, « Journal d’une enfant survivante » est son premier ouvrage. Elle le porte en elle depuis son enfance comme un hommage aux survivants, aux exilés et aux apatrides.

Avis et commentaires :

Ce livre est un témoignage fort d'une période encore récente et en le refermant après sa dernière page, je me demande encore s'il faut plutôt le classer dans mon esprit en tant que roman ou en tant que récit à caractère autobiographique.

Sur le fond, c'est surtout un nouveau témoignage de la barbarie humaine à la base, une seconde forme de génocide mais sous des cieux thaïs. May Kham vit jusqu'à ses 5 ans dans un cadre idyllique avec son père, le général Yang Chau en vue et proche des occidentaux (petits palais, résidence secondaire, nurses). Elle occupe dans le coeur de son père par son côté sauvage et révolté, la meilleure place parmi les 35 enfants que le général a avec ses trois femmes. Puis c'est la chute du régime politique que soutient ce général et la fuite de ce dernier, que ses femmes et enfants refusent de suivre, May Cham vit son premier abandon tragique, nous ne saurons avec elle qu'en toute fin de livre ce qu'il est devenu et si elle le retrouvera ou non.

C'est alors que se mère et ses huit enfants sont à leur tour obligé de fuir et vont se retrouver dans l'horreur absolue successivement dans deux camps de prisonniers gardés par les thaïlandais. La survie dans ces camps, ses horreurs journalières (privation de nourriture, morts de la nuit brûlés en plein air, l'absence totale de soins, les enfants obligés de manger des vers de terre, de la terre pour survivre), la mort qui rôde (le "mangeur d'âmes" qui poursuivra toute sa vie la narratrice dans ses cauchemars) et l'attente par chacun des détenus d'être accueillis en France ou aux USA avec une seconde trahison lorsque la mère de la narratrice abandonne May Kham et une partie de ses enfants pour la France sont autant de descriptions qui se multiplient dans de fréquents retours en arrière alors que May Kham étudie et survit à Paris. 

Bénéficiant, un an après sa mère , d'un départ vers la France où la famille se reconstitue pour rencontrer une seconde désillusion près d'Avignon. Toute la famille se trouve être alors les premiers réfugiés d'origine asiatique arrivant dans une banlieue où les ressortissants gitans, pieds noirs et arabes les ont précédés et où ils sont délaissés par la société Française. C'est alors un deuxième enfer que cette famille va vivre, aidée par les seuls subsides sociaux et le sacrifice de la soeur aînée, Emeraude. C'est le temps du racisme ordinaire des "français" de souche mais aussi des ressortissants gitans ou arabes sur cette famille baptisée de "chinetoques". C'est aussi les difficultés intrinsèques à cette communauté laotiennes qui continue à pratiquer ses traditions ancestrales et la ségrégation entre les tribus indochinoises, et qui voit d'un mauvais oeuil les liaisons entre ses filles et les autres communautés.

Chroniques quotidiennes de cette tribu familiale en exil où la narratrice, passionnée de lecture et élève douée rencontre souvent l'incompréhension chez les siens (la mère lui interdit d'être première de sa classe pour ne pas prendre cette place à un petit français), la violence de ses frères, celle des autres enfants. La narratrice cherche désespérément à se faire aimer par sa mère et à se demander pourquoi un tel rejet et souffre de sa propre nature franche et hors norme. On suit enfin ses fugues, ses amours déçus, sa montée à Paris pour étudier et fuir de bien sombres et tristes secrets avant de la laisser sur un mode plus serein.

Pour un premier livre, le style est de qualité, la construction aussi. On s'attache à May Kham, on partage son histoire personnelle, on ne peut pas rester,enfin, indifférent à cette sanglante histoire moderne de génocide, de barbarie et des difficultés à intégrer un monde occidental si différent.

Un bel ouvrage, un bon moment de culture et de lecture.

Tag(s) : #Mes critiques de livre lus
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