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A nouveau tous mes remerciements aux Editons Kyklos, au forum Partage Lecture et à Philippe Cuisset pour ce partenariat tout à fait exceptionnel qui sera suivi d'un échange avec l'auteur.
Philippe Cuisset, je le suis depuis 2018 avec "Zacharie blondel, voleur de poules" puis "Miranda" en 2020 et à chaque fois je me laisse cueillir par l'émotion et par son style. Il a l'art de s'appuyer sur une documentation rare et détaillée, de trouver l'histoire vraie qui va faire découvrir à ses lecteurs des drames humains, sociaux, historiques vrais que personne n'a vraiment mis en avant.
Toujours l'uppercut qui vous cueille devant les injustices d'une société, d'une nation, d'un systéme judiciaire injuste vis à vis d'un individu, ici d'un peuple autochtone pour le briser voir l'exterminer sur l'autel du profit, d'un systéme économique corrompu et d'une société indifférente aux plus faibles de ses composantes humaines.
Quatrième de couverture :
Entre 1904 et 1908, dépossédés de leurs terres, les peuples herero et nama se révoltent contre la colonisation allemande. Le général von Trotha mate l’insurrection et signe le premier ordre écrit d’extermination totale. Les deux peuples sont décimés. L’opinion internationale s’émeut, le génocide est différé.
Insidieusement le crime se poursuit : le camp de Shark Island constitue une ébauche de purification ethnique. Épuisement et sous-alimentation tuent encore, les crânes des prisonniers sont livrés aux médecins racialistes pour cautionner cette suppression radicale. Après la découverte du premier diamant namibien, l’Empire décide de construire un chemin de fer sur lequel les rescapés meurent en nombre le long des voies.
Esther endurera la déportation sur la sinistre Île aux requins, elle sera ensuite l’une des esclaves du rail : une vie comme une traversée du désert à l’image de ces peuples broyés par la machine coloniale.
Ce crime de l’histoire coloniale africaine est aujourd’hui reconnu comme le premier génocide du XXe siècle.
Avis et commentaires :
Encore une page abjecte de l'histoire récente de l'humanité pour laquelle Philippe Cuisset se fait le dénonciateur, ,dont il est le narrateur objectif d'un génocide qui n'a toujours pas été vraiment reconnu. C'est aussi le témoignage glaçant sur une nation colonisatrice, la Prusse, qui mit très tôt en pratique sur des ethnies africaines originaires de ce qui deviendra la Namibie, une politique de "solution finale" et dont trente ans plus tard, son plus triste dirigeant, Adolphe Hitler, s'inspira si sordidement au niveau "industriel" sur l'Europe.
Cette vision et interprétation glaçante est celle d'une société où l'économie (le développement des chemins de fer, l'exploitation des gisements de pierre précieuse, la mise à sac de toutes les ressources d'une région du monde) ne peut se faire qu'en annihilant les autochtones soucieux de défendre leur terre (expédition militaire, massacre en série, viols, travaux forcés entre autres). Cet épisode colonial prussien (peu connu ou reconnu) sanglant et génocidaire c'est l'esprit même d'un enrichissement massif, d'échanges économiques entre nations coloniales au détriment de celles et ceux qui étaient légitimement les habitants originels de ces régions d'Afrique Australe où sévirent aussi les Belges et les Néerlandais....
Ce sont les voix d'Esther, la survivante de ces victimes africaines, de quelques-uns des guerriers africains des peuples herero et nama massacrés, martyrisés, mais aussi des généraux massacreurs prussiens, des industriels, de la compagnie des chemins de fer profiteurs capitalistes et de pseudo scientifiques persuadés de la suprématie blanche qui s'entrechoquent ici sous la plume de Philippe Cuisset. Autant de témoignages où victimes et bourreaux qui rapportent la vérité historique tûe et crue de cet épisode abject et tragique si prémonitoire de ce que seront les épisodes nazis à venir et de tant d'autres où la pratique de l'extermination massive, de génocides, au profit de quelques-uns sous des prétextes totalement infondés sont autant d'actes d'accusation de nos sociétés où le capitalisme massif montre son inhumanité et son injustice. Et s'il faut utiliser des éléments fallacieux, pseudo- scientifiques pour assurer richesse et bonne conscience, certains hommes en sont les experts.
Il n'y a sous la plume de Philippe Cuisset que des éléments concrets, vérifiés, un style dans lequel il excelle avec les mots, les descriptifs justes et une volonté de dénoncer et de défendre les victimes si nombreuses et sans voix