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Merci à Geneviève pour la découverte de cette auteure et de cette thématique.

Quatrième de couverture :

"Pour l'instant, il te faut étudier le terrain, parler avec les soldats. Collecter leurs paroles, leurs mots, surtout ne pas les trahir ― la trahison, les hommes n'en peuvent plus ! Tu voudrais, toi, le poète, que l'on sente la vermine grouiller entre les syllabes. Que l'on voie l'ergot de mort fleurir dans les bouches, la mâle-mort entre les dents. Tu voudrais des mots qu'ont de la gueule. Mots crus, vécus, poussés vent debout. Paroles de soldats dans leur trou de boue. Paroles d'indigènes bretons. Borborygmes de soudards d'une République qui ne leur fait pas confiance." Novembre 1870, Conlie. Un jeune homme malingre, affublé d'un uniforme trop grand pour lui, se fait passer pour un soldat et pénètre dans le camp où l'armée de Bretagne et ses milliers de soldats croupissent dans la faim, le froid et les maladies. Tristan Corbière ne vient pas se battre, il vient pour dénoncer, avec sa plume de poète, la plus monstrueuse trahison qui soit. Dans une langue aussi chatoyante et piquante que celle de Corbière, Fabienne Juhel nous invite à la découverte captivante d'une page honteuse et méconnue de l'histoire de France.

Avis et commentaires :

Ce livre est à là fois onirique, historique, poétique et un roman partagé entre témoignages, récits, échanges épistolaires, réalité historique et fantastique (le genre) avec cette rencontre entre le poéte de cette fin du 19 ème siècle (époque du conflit prusso - français) ; Tristan Corbière et Jean Moulin, sorte d'écho à deux conflits mondiaux aux sensibilités artistiques et poétiques communes.

C'est aussi et surtout la description d'une région Bretonne jugée encore trop "chouanne" par le pouvoir politique et mililtaire pour que ses enfants - trouffions disposent du minimum (armes, vêtements, nourritures...) dans le cantonnement de la ville de Conlie pour survivre et battre l'armée prussienne et de Paris ville -  assiégée réduite à se nourri de rats et des animaux du zoo.... Un traitement honteux de jeunes hommes quasi - condamnés à la mort par les épidémies et totalement épuisés. Les descriptions de cette armée de fantômes maltraités est juste ahurissante, la gabegie, le refus de leur donner le minimum vital d'équipement et de nourriture comme le mêpris de ces bretons par l'armée, un pouvoir politique en fuite sautent à la gorge. On voudrait anéantir ces bretons que l'on ne s'y prendrait pas autrement, ce n'est d'ailleurs pas, sans rappeler le sort que l'on réservera à tous les soldats lors de la première guerre mondiale.

 Seul le poète Corbière par sa présence auprès de ses frères bretons, par ses lettres, ses vers pamphlétaires semble s'en préoccuper et sa verve, ses sarcasmes et une certaine forme de désespoir sait nous sensibiliser à ce drame. Tout cela est saisissant, juste dans la narration et la description de la vie au quotidien comme des sentiments et du vécu de notre pays à cette époque. Vers, descriptions, échanges, interpellation et passage de témoin aux générations futures en la personne de Jean Moulin, l'ensemble forme un roman à la fois juste et ambitieux.

J'avoue, néanmoins, avoir été perdu dans l'enchaînement des faits et ce parallèle (?) avec Jean Moulin ne m'a permis de lire l'ensemble dans un certaine fluidité. Cela reste anecdotique et le livre comme son auteure méritent que l'on s'y attarde.

Tag(s) : #genevievemunierfabiennejuhel
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