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Un nouvel ouvrage dévoré grâce à l'opération Les Explolecteurs 2020, du forum Lecteurs.com et des échanges entre nous de livres de cette rentrée littéraire de Septembre 2020.

Quatriéme de couverture :

1984. Cléo, treize ans, qui vit entre ses parents une existence modeste en banlieue parisienne, se voit un jour proposer d'obtenir une bourse, délivrée par une mystérieuse Fondation, pour réaliser son rêve : devenir danseuse de modern jazz. Mais c'est un piège, sexuel, monnayable, qui se referme sur elle et dans lequel elle va entraîner d'autres collégiennes.

2019. Un fichier de photos est retrouvé sur le net, la police lance un appel à témoins à celles qui ont été victimes de la Fondation.

Devenue danseuse, notamment sur les plateaux de Drucker dans les années 1990, Cléo comprend qu'un passé qui ne passe pas est revenu la chercher, et qu'il est temps d'affronter son double fardeau de victime et de coupable.

Chavirer suit les diverses étapes du destin de Cléo à travers le regard de ceux qui l'ont connue tandis que son personnage se diffracte et se recompose à l'envi, à l'image de nos identités mutantes et des mystères qui les gouvernent.

Revisitant les systèmes de prédation à l'aune de la fracture sociale et raciale, Lola Lafon propose ici une ardente méditation sur les impasses du pardon, tout en rendant hommage au monde de la variété populaire où le sourire est contractuel et les faux cils obligatoires, entre corps érotisé et corps souffrant, magie de la scène et coulisses des douleurs.
 

Avis et commentaires :

C'est, avec raison, un des titres qui a suscité le plus emballé le public et pour l'avoir lu comme pu rencontrer l'auteure lors de son passage chez mon libraire (Richer - Angers), avant que le reconfinement ne soit de mise, je le comprends aisément.

Un livre d'un peu plus de 344 pages pour mettre en avant le côté, un peu moins glamour que ce que l'on veut bien voir, de ces jeunes filles qui ne rêvent que de percer dans le milieu de la danse, de la chanson dont des persones sans scrupule vont assurer le recrutement et avec l'accord voîre l'encouragement de leurs parents.

C'est un récit choral où la jeune Cléo, elle-même ayant répondu aux sirènes d'une pseudo fondation, Galatée, pour se sauver d'un quotidien d'une ado fade au profit de son rêve de danseuse reconnue est le point central d'une succession de destins pas toujours glorieux. Si Cléo se leurre dans ses premiers échanges avec Cathy la recruteuse adulte, le rêve tourne court à partir du moment où lors d'un nouveau déjeuner de recrutement pour cette fondation, dans les faits un guet-apens, elle comprend que les membres masculins sont là pour du tripatouillage et des attouchements sexuels sur les jeunes recrutées et qu'en s'enfuyant, elle perd brusquement tout soutien dans ses beaux projets de la part de Galatée .

Malgrè son statut de victime avérée, elle va accepter de jouer aussi le rôle de recruteuse / rabatteuse rémunérée pour Galatée au sein de son établissement scolaire, de ses copines en continuant de se leurrer. De proie, elle devient complice et durant une bonne partie de sa vie, le sort, à priori tragique, de ses recrues et notamment particulièrement de Betty et cela à l'aune d'une enquête lancée, bien trop tardivement, sur les dérives de Galatée. Même si elle touche de temps à autre et trop briévement à son rêve dans une troupe de danse renommée puis dans un cabaret reconnu, à l'heure des bilans, le constat est amer et elle peut considérer son bilan comme celui d'une jeune femme  tombée de Charybde en Scylla. A un abus dans son adolescence, d'autres vont se succéder au sein de la troupe comme du cabaret, la chute est rude. A l'image de celui de sa principale recrue Betty dont on suit aussi la chute.

Le lecteur est le spectateur à la fois de ses difficultés relationnelles avec son environnement famillial, amical et amoureux, et du destin des personnes qui vont, à un moment la croiser (amante, amie, mari et enfants) mais aussi à la mise en abîme d'un systéme qui va profiter de la crédulité et des faiblesses (physiques comme mentales) de jeunes filles comme Cléo ou Betty.

Procés juste d'une société d'abus envers de jeunes femmes, victime de leur rêve dont on ne montre que les bons côtés en les abusant et cela souvent avec la complicité, que l'on espére involontaire de l'environnement famillial.

Un grand livre indiscutablement, très actuel, d'une grande sensibilité qui prend le lecteur aux tripes. Tout est juste, simplement juste. Merci Lola Lafon.

Tag(s) : #lecteurs.com, #lesexplolecteurs2020, #rentreelitteraireseptembre2020, #librairiericher
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