Une nouvelle lecture et découverte d'un écrivain tout à fait talentueux, merci aux 68 Premières Fois, aux Editions Grasset pour tout cela.
Quatrième de couverture :
Dans une France rurale aujourd'hui oubliée, deux gamins passionnés par les lettres nouent, dans le secret des livres, une amitié solide.
Le premier, orphelin de père, travaille comme forgeron depuis ses quatorze ans et vit avec une mère qui la littérature effraie et qui, pour cette raison, le met tôt à la boxe. Le second ses tourne vers les écritures plus saintes et devient abbé. Mais jamais les deux anciens gamins ne se quittent. Aussi, lorsque l'abbé propose à son ami d'enfance d'interpréter le rôle de Jésus dans son adaptation de la passion de Notre seigneur Jésus-Christ, celui-ci accepte pour sacrer, sur la scène du théâtre paroissial, leur fraternité.
Ce boxeur narrateur atypique et forgeron flamboyant était le père du narrateur. Après sa mort, ce dernier décide de prendre la plume pour lui rendre sa couronne de gloire, tressée de phrases splendides, en lui écrivant le grand roman qu'il mérite.
Un uppercut littéraire.
Guy Boley est né en 1952. Après avoir fait mille métiers (notamment ouvrier, chanteur des rues, cracheur de feu, directeur de cirque, funambule, chauffeur de bus, dramaturge pour des compagnies de danses et de théâtre), il a publié un premier roman, Fils du feu (Grasset, 2016), lauréat de sept prix littéraires (grand prix SGDL du premier roman, prix Georges Brassens, prix Millepages, prix Alain-Fournier, prix Françoise Sagan, prix (du métro) Goncourt, prix Québec-)France Marie-Claire Blais).
Avis et commentaires :
Un nouveau bijou d'orfévrerie et de sensibilité dans ce second roman à caractère autobiographique où Guy Boley nous entraine dans l'histoire de vie d'un père forgeron, boxeur amateur émérite et à la personnalité artistique prononcée dans les yeux d'un fils qui découvre toutes les fagilités de ce père pour lequel il a pu aussi porter des jugements trop critiques et blessants.
René, un père dont la mère a exigé qu'il s'oriente vers la boxe plus que la lecture, jugée inutile, et pour laquelle il n'a cessé de ne pas vouloir la décevoir dans ses attentes alors qu'il dresse un culte inavouable à la découverte de son dictionnaire avec son meilleur ami Pierre, devenu l'abbé Delvault. Excellence dans l'art de la boxe amateur, la passion de son métier de forgeron, une épouse tendrement aimée avec laquelle il cultive l'amour de la chanson, voire de l'opérette et le goût du spectacle mais aussi la douleur de la perte d'enfants mort-nés avec un fils unique avec de trop rares moment de complicité....
Cocasse ce combat que mène l'abbé Delvault pour installer René, à la fibre artistique contrariée, comme l'acteur principal de la Passion ; le spectacle paroissial annuel contre un curé rétrograde et une commune rurale, ancrée dans une tradition absolue. Ce spectacle, s'il est le clou de sa vie pour René, le prenant tant à coeur, c'est aussi la manifestation que son fils détourne dans sa phase révolutionnaire (1968) pour la ridiculiser et l'ultime drame de la vie de René et de son épouse y mettra un terme.
Cette recherche identitaire de René comme du narrateur, dans des mots à la fois simples mais aussi d'une extrême sensibilité est tout simplement bouleversante et criante de vérité dans l'amour d'un fils pour son père à titre, hélas posthume..
Exceptionnel, ce second roman m'incite à revenir vers son premier ouvrage tant cette lecture est addictive.