Partenariat avec les Editions Points et le forum Partage Lecture que je remercie pour cette découverte.
Quatrième de couverture :
La traversée en bateau les a lavé du passé. Ils ont dû oublier d'où ils venaient. Nouveaux noms, nouvelle langue, nouvelle vie. David a perdu sa mère, Simon s'est fait le serment de la retrouver. Il n'y a pas de mot juste pour désigner ce que l'homme et l'enfant sont l'un pour l'autre. Débarqués à Novilla, ils doivent trouver un logement, parler espagnol. Reconstruire. Sans regarder en arrière....
Avis et commentaires :
Difficile de définir la thématique de cette lecture tant on balance entre le roman, l'essai voire le conte philosophique. En tout cas c'est un livre qui ne laisse pas indifférent et qui amène de nombreuses réflexions sur l'identité (qui sommes-nous ?), la maternité comme l'appartenance à une famille (quels sont les critères qui nous permettent de nous sentir d'une famille ? faut-il que ce soit seulement les liens du sang qui prédominent ?), l'exil et l'implantation dans un monde totalement inconnu, la différence comme l'éducation....
A travers la confrontation d'un homme et d'un jeune garçon à la recherche de sa mère avec une société de labeur, sans attaches ni liens où vivent côte à côte un monde de travailleurs de force (les dockers) et une classe fortunée indolente, J.M Coetze veut nous sensibiliser à tout ce qui fondent réellement nos repères (famille, travail, amour, racines) et s'amuse à les faire se distendre, se contredire et s'opposer.
Les relations entre cet homme, tuteur de substitution et provisoire, l'enfant désemparé, sa mère putative, la société qui les entoure sont décrites par le menu avec, à la fois du détachement et une grande sensibilité. De leur passé on se saura rien, ni pourquoi ils se sont trouvés, ni les raisons qui les poussent à l'exil et ce que chacun d'eux attend. On n'en sait pas plus sur le pays et la société qui les accueillent, si ce ne sont des règles ou des modes de fonctionnement parfois kafkaïens. Les femmes de passage, les maitresses de hasard de Simon, celle que Simon désigne à David pour être sa mère, les collègues dockers, le choc que constitue la confrontation entre un enfant hors norme et une institution éducative trop normative sont autant de pistes de réflexion pour l'auteur et le lecteur mais aussi des "outils" pour exposer les grandes questions existentielles qui passionnent l'auteur.
On se laisse porter par ce duo et cette quête, tout cela ouvre de nombreuses portes qui ne manquent pas de nous faire réfléchir et de se détendre aussi.