Livre lu grâce à l'opération "Masse Critique" du Forum Babelio et aux Editions Robert Laffont que je remercie.
Quatrième de couverture :
"J'ai franchi plusieurs frontière, toujours vers l'Est. L'extrême est. Avec un passeport d'homme blanc dans la poche. Et pas grand-chose d'autre. Quelques routes du ciel, quelques chemins d'Asie. Je me suis retrouvé un jour à Bali. J'y suis resté. Ca faisait déjà trop longtemps que j'étais parti ou alors c'est que j'étais fatigué de regarder derrière moi. J'avais l'impression d'être dans le cul-de-sac de ma vie, à cinquante ans, comme un vieux hippie.
L'indigène était jeune, bienveillant, il avait un smartphone. Les ponts aériens déversaient des touristes mondialisés. On signalait la disparition inquiétante des dieux. Moi, dans mon coin de rizière, je léchais mes plaies.
C'est là que j'ai rencontré Jean - Bart, qui était gigantesque, québécois et homo. Ce qui faisait beaucoup pour un seul homme. C'est là que Jeanne m'est tombée dessus avec ses seins flottants et toutes ses joies de vivre. Ce qui était trop pour en faire une passion. Heureusement, il y avait de la bière et de la mousson pour noyer tout ça comme on noie des chatons. Et de réseaux sociaux pour interroger hier, quand on était jeune, dans une autre vie. Quand on était beau et criminel."
Que reste-t-il de l'amour libre, des utopies des années soixante-dix, du rêve d'une vie à l'autre bout du monde ? A travers les tribulations asiatiques de Simon Sorreau, écrivain en cavale, "Grand chasseur blanc" brosse le portrait doux-amer - et néanmoins épique - de toute une génération.
Avis et commentaires :
Ce roman ce sont un peu les chroniques douces - amères d'un écrivain fort d'un premier et unique succés, d'une ancienne personnalité de premier plan en fuite sous les tropiques à la recherche de son prochain livre, de l'inspiration et de l'oubli.
Pourquoi Didier Neveu, ancienne star mondaine se retrouve t-il dôté d'un faux passeport au nom de Simon Sorreau, en stop prolongé à Bali ? Entre description des sites touristiques de cette destination, de son peuple, de rencontres plus ou moins heureuses avec d'autres expatriés, il s'installe là à enchaîner les cuites, les négociations à distance avec sa maison d'édition, les coups de fil avec son ami d'enfance pourvoyeur d'argent liquide, sa propre jeunesse en délivrant à ses lecteurs des bribes d'information sur sa fuite, ses relations violentes avec son ex-femme, sa rupture avec ses enfants et ses arbitrages éloignés entre sa mère et son beau-père....
Peut-on toujours échapper à son histoire personnelle, à ses démons intérieurs, ses souvenirs d'enfance, son pays d'origine ? C'est la quotidien de sa vie d'exilé que nous vivons par le menu. C'est aussi , dans une certaine mesure, un exposé touristique sur cette destination, sur la culture locale, le décalage entre notre monde occidental, nos valeurs et celles de la société indonésienne...un hommage en quelque sorte.
Puis viennent se créer des liens d'amitié, de quasi fraternité avec cet autre expatrié, homme d'affaires québécois, Jean - Bart, entre deux amants, des chroniques triviales ou croquignolesque de ces deux anti-héros mais aussi une relation avec la veuve indonésienne si perspicace.... Un armistice court avant que n'arrive le nouvel amour en la personne de Jeanne, leur relation fusionnelle, passionnée mais aussi le passé encombrant avec le passage et la rencontre inopinée d'un ancien ami d'enfance mettant en péril la poursuite de la cabale ou bien encore la vaine tentative de renouer une forme de dialogue avec le fils avec lequel on a rompu, brisé par la haine et la volonté de destruction de sa femme.
Beaucoup d'éléments finalement traités de façon plus ou moins égale autour de cette retraite et cabale..... Peut-elle se poursuivre indéfiniment ? Peut-on changer à ce point de personnalité et tuer son ennemi intérieur ?
Un écriture de qualitén un récit ordonné, malgré quelques longueurs et le bilan d'une génération, celle des années 70, perdue et libertaire.