Un partenariat Livraddict et les editions Folio Policier que je remercie pour cette découverte.
Quatrième de couverture :
Yasmina Saïd était trop jolie, trop libre pour ses cousins convertis à un islamisme radical. Telle est la conviction de l'inspecteur Lindström qui enquête sur son meurtre. Pourtant, sa collègue Monica Green ne croit pas au crime d'honneur malgré les tensions communautaires qui règnent à Malmö, ville industrielle du sud de la Suéde où se sont installés de nombreux immigrés. Les mois passent et l'enquête, faute de preuves, piétine. Jusqu'à ce qu'une autre jeune femme soit assassinée....
Avis et commentaires :
Abonné depuis quelques temps au monde du polar et du thriller nordiques, phénomène en pleine explosion depuis trois ou quatre ans dans ce registre, j'étais partagé entre deux impressions lorsque j'ai reçu ce livre avant de le lire (d'une traite d'ailleurs), d'abord une crainte (celle d'un non renouvellement du genre) et aussi la curiosité de découvrir un nouvel auteur (un autre et nouvel univers peut-être).
A la fin de ma lecture je peux dire que sans aller jusqu'à l'enthousiasme débordant, j'ai effectivement découvert un autre visage de ces sociétés nordiques et de leur mode de fonctionnement souvent donnés en exemple ; celui d'une profonde fracture sociale et d'un véritable clivage conservateur aux mauvais relents. A travers cette lecture, c'est celui du communautarisme et des ses excés, rejet d'une partie de la population d'origine à l'égard de l'étranger implanté depuis peu et réciproquement que nous décrit aussi Fredrick Ekelund.Sans paraphraser, il y a bien quelque chose de pourri dans ces états du nord et ici de la Suède.
C'est donc à Malmö, ville industrielle que nous sommes transportés à l'époque actuelle et cela sur trois parties bien segmentées. Il n'y a plus ici de flic au flair infaillible et à la déduction rapide mais plutôt un inspecteur usé; Lindström, et peu pertinent, d'origine suédoise, et son association plutôt chaotique avec une jeune femme d'origine coréenne mais suédoise d'adoption plus jeune et plus portée par une vision plus progressiste ; Monica Green.
Divisés en trois parties d'inégales longueurs, ce livre met du temps à s'installer.
Pour la première partie, c'est tout le contexte famillial de Yasmina Saïd qui nous est donné par le menu, un très rapide descriptif de son assassinat et de son viol. En clair un clan famillial d'origine arabe et de culture musulmane qui tente d'implanter ses moeurs originelles et l'imposer à Yasmina, jeune femme brillante mais trop enclin à la modernité, Pour Lindström, l'inspecteur en charge de cette enquête, la résolution de l'affaire est limpide; un crime d'honneur, cela d'autant plus qu'elle est émaillée d'indices plus ou moins concordant pour désigner les cousins de Yasmina (entre preuves matérielles, témoignage de proche et attitude très proche de la joie devant cette abomination par la famille). Lindström, piètre inspecteur se contente de peu pour boucler l'affaire et limite ses recherches à la thése facile du crime d'honneur, même si sa jeune collègue Monica semble plus réservée et relève très cyniquement les clichés sur lequel s'appuie l'inspecteur. C'est aussi l'occasion de mettre en exergue les haines les plus primitives d'une partie des proches de nos deux enquêteurs à l'égard de la population immigrée ainsi qu'une certaine tendance au machisme. Trop sûr de lui et déjà très soucieux de ses propres problèmes familliaux, Lindström bâcle le tout et passe très vite à autre chose.
C'est la même tendance désastreuse dans sa conduite de ses enquêtes qui reste le fil conducteur de la seconde partie avec un autre meurtre mais là dans l'univers très feutré d'un hôtel de très grand luxe et dont "l'executive woman" Anna Hagberg est la victime. Aussi peu passionné que par sa précédente enquête et sans creuser plus que cela, Lindström, toujours secondé de Monica, s'oriente vers le crime passionnel et cette fois encore les retombées de ses déductions vont provoquer de véritables drames et la mort d'un innocent. Aucun lien entre ces deux meurtres dans un premier temps ne frappe Lindström et Monica, tant les clichés développés, la société suédoise et ses failles, marquent et égarent l'esprit des deux équipiers .... alors que les similitudes dans la réalisation des deux meurtres ont frappé le lecteur.
C'est donc vers la page 228 (le livre en compte 336) que l'intrigue se corse et que le rythme s'accélère avec l'intrusion, la description, les perversions du véritable meurtrier de l'histoire. Pour le coup, les liens se créent, les enquêtes se lient (comme les enquêteurs d'ailleurs) et les actions se multiplient, insufflant une part nécessaire de tensions et de suspense jusqu'à la dernière page. De cette ultime partie, on retiendra un certain mea culpa de la part de Lindström, une découverte très piquante des clubs échangistes de la ville par un enquêteur plutôt naÏf et une course contre la montrer pour la résolution de ces affaires. Un petit bémol pour moi, le côté trop fleur bleue des dernières pages.
En conclusion un livre d'une tension inégale, un cadre original, la rupture des conventions habituelles du polar à la scandinave et une vision plus ajustée et critique de la société suédoise.